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Billet doux
5 juin 2009

L'anniversaire d'un vieux monsieur qui se croit encore jeune...

Quand elle était petite, il l'impressionnait, elle avait même un peu peur de ce grand père strict et exigeant, à la remarque facile et aiguisée. Il leur demandait "êtes vous observateurs ?" Et elle savait que si la question était posée c'est qu'elle ou ses frères et soeurs n'avaient pas remarqué quelque chose d'essentiel aux yeux de ce Papy. Heureusement Mamy était douce et compréhensive, elle arrondissait les angles et même les ronds. Madame Ma s'amusait à reformer les couples, en composant un premier avec les plus tendres de chaque ménage et les plus sévères dans un autre. Elle ne sait pas bien si c'est lui qui s'est adouci ou elle qui en vieillissant le voit autrement. Peut être un peu des deux... Il a à coeur la bonne éducation de sa descendance, alors maintenant que le tour est joué en ce qui la concerne, elle peut parler avec lui sans craindre de reproches, juste l'écouter et s'intéresser à ce qui la barbait quand elle était plus jeune. Elle peut l'entendre se plaindre du laisser aller dans sa maison de retraite, dans son entourage, et du changement des mentalités. L'entendre regretter que le dimanche ne soit plus le jour béni pour réunir toute la famille après la messe. Et puis, il loue sa mère, celle qui a enseigné à ses dix enfants de penser aux autres avant de penser à eux, il la dit sévère et juste, et elle lui aurait ainsi délivré la clef du bonheur. Il est le dixième de cette grande fratrie, il est le dernier vivant de cette famille, parce que chez eux, on vit centenaire ou moins d'un demi siècle. Il sera de la trempe des 100 ans d'âge, puisqu'aujourd'hui il fête ses 98 ans ! Il est fier de se tenir droit. Il aime chanter, il était pensionnaire et appartenait à la manécanterie de Fourmies, plusieurs guerres et privations seront passées sur lui. Sa femme et lui n'auront pas de mariage en grandes pompes, avec voile et longue robe, ça serait indécent si vite après la guerre. Il était persuadé qu'il ne serait plus de ce monde le jour du mariage de sa fille et pourtant, il est toujours là, et continue à accueillir ses arrières petits enfants. On en compte onze à présent. Il est heureux. C'est bizarre, il se plaint un peu ou beaucoup suivant les jours, mais il est heureux et lui affirme que c'est grâce à la sainte Vierge.

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Commentaires
M
un sacré Monsieur ! quelle chance pour vous tous de l'avoir.
L
Je salue ce grand monsieur et lui souhaite un bel anniversaire... Il peut être fière de toi, et des arrières-petits-enfants que tu lui as donnés...
K
"... être heureux grâce à la Sainte Vierge"... belle leçon de vie!<br /> Ici c'est la grand-mère de Monsieur qui me fait penser à ton grand-père... le verbe acéré... une exigence pas toujours facile à vivre... il aura fallut attendre les arrière-petits-enfants pour qu'elle s'adoucisse! Elle dit être en extase devant eux...
M
Il a belle allure ton grand-père, il me rappelle le mien qui s'était adoucit mais avec ses arrière petits enfants !
C
Quelle dignité... Impressionnant, ce grand monsieur...
Billet doux
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