Se donner
Il a travaillé jusque minuit et ce matin, à 7 heures, il était déjà au téléphone. Ce soir, il ne mangera pas à la maison, alors sur un coup de tête, un manque d'elle qu'il a comblé par surprise, Monsieur Ma est revenu déjeûner ici. Elle n'a pas entendu le téléphone qui sonnait pour l'avertir que dans 20 minutes, il serait là. Elle finissait de donner le repas de Céleste, il restait le lave vaiselle à vider, il attendra avant d'être rempli à nouveau, elle vient d'apercevoir son mari. Le déjeûner sera vite préparé, il n'a pas beaucoup de temps, elle veut en profiter. Souvent, quand elle est seule, elle ne prend pas la peine de se préparer un vrai repas, juste quelques restes de la veille ou un bol de céréales ; mais là, il y aura deux verres à pied et du vin, une salade, une galette à se partager, du fromage, et un café amélioré... La veille, on avait parlé du don d'organes avec les enfants et la discussion est restée en suspens, il avait été rattrapé par le travail. Marie donne tout sauf son visage, Jules aussi n'est pas trop chaud pour se laisser scalper le visage, Madeleine n'émet qu'une objection, elle veut garder son coeur, elle leur a expliqué que c'est lui qui a commencé sa vie en battant, elle n'a pas envie de le voir partir vers un autre corps. Quant à Monsieur et Madame Ma, tout, ils donnent tout ! Ca fera un peu moins de poussière au fond de la caisse. Et puis, Madame Ma leur a parlé de cette jeune fille qu'elle ne connaît pas vraiment mais dont la maman est une princesse qui vient souvent ici. Cette jeune fille est vivante et a une vingtaine d'années, pourtant elle a donné sa moëlle osseuse et sa moëlle épinière à une personne qui en avait besoin mais qu'elle ne connaît pas du tout. Ils sont admiratifs, parce que ici tout le monde n'est pas prêt à le faire, même pour de l'argent, et en plus pour un inconnu ! Ils essaient de comprendre cette vie et un petit bout d'eux vers une autre vie...c'est compliqué.
En tous cas, Monsieur Ma est là, il repartira bientôt vers d'autres pays, mais en attendant leurs rencontres furtives de l'après midi, celles qui laissent un goût de trop peu, sont décidément délicieuses !