Le juste milieu
Sa présence est discrète, son absence est ostensible. Elle est de ces enfants sans histoire qui grandissent sans faire de bruit. A qui l'on' n a pas peur de demander un service, la réponse sera oui. Madeleine suit son petit bonhomme de chemin, tranquillement mais d'un pas vif et assuré, sans fatiguer, sans se plaindre depuis plus de 7 ans. Pourtant, cette semaine, elle a cherché plusieurs fois à parler à sa maman. Lui expliquer qu'en classe, elle avait des difficultés, qu'elle était peut être dislexique comme Marie. Elle n'avait pas vu le mot dans le texte. La fatigue a pris le dessus, son pouce a repris place dans sa bouche, quelques larmes sont montées et des mots de révolte...il faudrait s'occuper plus d'elle. Alors aujourd'hui, en allant la rechercher à son groupe de lecture, Madame Ma a souhaité rencontrer la maîtresse, s'inquiéter de la situation et montrer à cette petite fille qu'elle prendrait ses difficultés à bras le corps comme elle ferait pour chacun de ses frère et soeurs. Madame Ma est attendue avec un sourire, Madeleine n'a plus besoin de ces cours de soutien. EN lecture, plus de soucis. Elle est perdue...elle croyait pourtant que sa fille s'essoufflait, qu'elle ne suivait pas. Il n'en est rien, elle manque un peu d'assurance, rien d'autre. Madame Ma donne la main à Madeleine, la félicite et lui dit combien elle doit être contente d'être libérée de ce cours. Mais les sauts de joie ne sont pas aux rendez vous. Dans la tête de Madame Ma résonne encore ce "manque de confiance en elle", pourtant à la maison, elle est si assurée... Madeleine explique le bien procuré par l'école du mercredi. Et madame Ma comprend...la difficulté est ailleurs. Elle doit apprendre à vivre avec son corps et ses dents de lait dans une classe où les autres sont plus âgés, se coiffer de deux couettes au milieu des cheveux dégradés. Pourtant, elle ne lui impose pas, elle ne veut pas faire grandir trop vite celle dont on oublie toujours un peu qu'elle n'a encore que 7 ans (et demi). Cet après midi, pendant que sa soeur était chez l'orthophoniste, elles se sont échappées chez monoprix, la paire de converse rose panserait bien des oscillations. De retour, à la maison, Madame Ma range et trie son armoire dans laquelle le 4 ans côtoie encore le 8 ans, elle voudrait resserer l'écart mais Madeleine veut tout garder !