Trouver à (re)dire
Elle ne se résigne pas à ne pas poster de billet ce soir. Elle veut tenir parce que bien sûr il se passe forcément quelque chose. Des mauvaises langues lui ont demandé si elle avait toujours des anecdotes à raconter, sous entendant qu'elle pourrait parler pour ne rien dire. Evidemment, ca elle en est capable. Mais ses journées ne sont pas vides, elles sont même tellement remplies qu'elle doit choisir, ne pas tout dire. Aujourd'hui, elle pourrait parler de ses filleuls. De Jean Baptiste qui a laissé un gentil message sur son répondeur en répétant ce que soufflait sa maman, elle entendait même son sourire et sa fierté d' être celui qu'on enregistre. Et de Foulques qui n'a toujours pas recu son paquet de Noel parce que la poste à Marseille ne se remet pas des intempéries... Elle pourrait aussi raconter les mots doux échangés avec la maman des poissons qui a du céder sa place à monsieur Ma, il attendait son tour au téléphone. Et Marie aussi, contrariée par cette feuille de maths qui s'est envolée. Elle est pourtant soigneuse, mais elle est incapable de se rappeler si elle l'a rendue à la maîtresse ou rangée dans le mauvais classeur. Elles ont donc trié à deux les pochettes et les classeurs pour conclure que la feuille n' était effectivement pas là, madame ma a écrit un mot à la maîtresse. Elle sait ce que c'est que s'abrutir et réfléchir dans tous les sens, jusqu' à avoir la tête en vrac et ne plus être capable de se concentrer sur autre chose que la quête de l'objet disparu. Ce soir, elle pourrait raconter le coucher des enfants. Céleste, dont on a changé le lit de place, on ne sait jamais, elle se sentira peut etre mieux dans ce sens. Madeleine qui était fatiguée à l'heure du dîner mais qui voulait jouer encore un peu dans son lit. Ou pourquoi pas la guitare de Jules, qui demain aura des cordes toutes neuves. Et encore, et encore...mais elle va arrêter pour aller se coucher.