coup de pinceau
Madame Ma s'en amuse sans bien savoir si cela coule dans les veines de la famille ou si l'exemple suffit, mais elle a retrouvé dans la chambre de sa fille ses gros pots de peinture, ceux qui ont servi aux murs de la maison. La jeune fille avait demandé l'autorisation à sa mère. Et, une fois assurée que le parquet comme le tapis de la chambre ne seraient pas tâchés, Madame Ma la lui accordée. Marie aimerait peindre sa maison de poupée. Cette maison de poupée en bois lui avait été offerte pour ses 6 ans. Ils habitaient encore en Chine, le choix n'avait pas été possible, mais elle plaisait beaucoup à Madame Ma. La petite fille d'alors a joué des heures, accroupie face à l'immeuble, installant les petits meubles et inventant des histoires avec la famille d'oursons qui y habitait. Et puis l'âge l'a éloignée des habitants et de leur toît, la maison avait été cédée à Madeleine et Céleste prend déjà plaisir à s'installer en face des pièces et déplacer le mobilier réduit ou les jeux de jardin des enfants. Pourtant, Marie est persuadée qu'un coup de pinceau la rendrait plus attractive, qu'il camouflerait aussi les gribouillages que des petites mains maladroites d'artiste en herbe avaient affublé. Désormais le toit serait en ardoise et le sol de la salle de jeux aussi. Et puis, Marie a posé des bandes de scotch pour délimiter les rayures de la chambre des parents ou un damier pour la cuisine. La chambre des enfants quant à elle, est décorée d'une jolie maison toute simple sur l'un des murs. De temps en temps, Madame Ma passe admirer le peintre et son oeuvre, elle vérifie aussi que le sol de la chambre ne soit pas coloré à son tour. La jeune fille a pensé à le protéger, elle sait sans doute qu'il en va de la confiance de sa maman pour pouvoir une prochaine fois, s'adonner encore, au plaisir de redonner vie, avec juste un peu de couleurs.