Veille de profession de foi
Le risotto cuit déjà depuis vingt minutes, les rillettes de saumon sont au frigo, reste les macarons au foie gras et le tour sera joué, le plus gros sera fait. Grand maman offre la pièce montée, Madame Ma n’a pas à s’occuper du dessert. Monsieur Mar, le parrain de Jules, Madame Mar et leurs deux enfants arrivent un peu plus tôt, elle compte bien profiter d’eux avant de laisser sa famille se débrouiller pour accompagner Jules à la veillée de Profession de foi. Grand Maman les invite chez elle, Bon Papa est heureux de partager ses bons vins avec Babou qui apprécie sa convivialité, elle les sait entre de bonnes mains. Elle se dit que juste elle et lui pour entourer leur fils à cette célébration sera sans doute une belle opportunité, de toute façon, seule la famille la plus réduite est invitée. Alors, les invités et les enfants de Madame Ma se rendent à la plage ou chez ses beaux parents et eux trois filent vers cette église qui les attend. Elle est saisie par la beauté du lieu qu’elle ne connaissait pas, elle laisse son fils à l’entrée et va s’asseoir au premier rang à côté de Monsieur Ma. La musique est agréable, ni trop douce au point de paraître mielleuse, ni trop enjouée, Jules est entrain de mesurer l’importance de cet acte, il était tendu la veille, lui habituellement lent à l’inquiétude. Une chorale anime les chants, les 120 enfants sont assis dans le chœur, pas tous avec le même recueillement, mais elle n’y prête pas attention. Aujourd’hui, elle n’est venue que pour une seule personne : Jules. ET puis, vient le moment où les parents remettent à leur enfant leur cierge de baptême en lui chuchotant devant l’autel qu’à présent, il fera ce qu’il veut de la foi qu’ils ont essayé de lui transmettre et essaieront encore, s’il le veut bien, et Madame Ma heureusement, a son mari à ses côtés, c’est lui qui parle car ses yeux à elle s’embuent et sa gorge se noue, l’instant est trop chargé en émotion. Jules a vu le trouble de sa mère, il sourit, écoute son père et repart à sa place, avec dans la main la lumière qu’ils viennent de lui passer. Et puis, toujours ce chant murmuré qui appelle l’Esprit Saint, si seulement toutes ces paroles pouvaient la pénétrer… Il serait tellement plus facile de croire. Elle aimerait que Babou et son frère le parrain de Jules puissent vivre ce moment, elle sait déjà que la messe de demain n’aura plus la même intensité.