début de nuit derrière un caddie...
Il est l'heure à laquelle habituellement Madame Ma poste son billet, mais elle n'est pas devant son ordinateur, elle est derrière son caddie. Monsieur Ma lui a proposé de garder les enfants parce qu'elle n'a pas trouvé d'autre créneau... Elle est à l'appartement en fin de matinée jusqu'en fin d'après midi où seule son repassage et sa couture avancent et puis elle rentre dans cette maison qui sera encore la leur pendant deux petits mois, jusqu'à ce que les locataires estivaux rendent les clefs. Il lui reste le ménage, les repas, les lits à préparer, les lessives à lancer pour s'occuper le lendemain, les devoirs parce que les maîtresses ont insisté, la fin de l'année n'est pas encore atteinte même si les apparences le laissent entendre. Il reste aussi la profession de foi de Jules, les activités des enfants, les requêtes des futurs vacanciers à satisfaire, les siestes de Céleste et les conduites. Alors, elle a beau ne pas aimer, reculer le plus possible le moment des courses, attendre que le frigo soit littéralement vidé et le congélateur aussi, elle a beau avoir envie de profiter du calme des débuts de nuit, elle ne peut plus fuir l'échéance, elle doit se rendre au supermarché. La caissière l'associe aux quelques femmes qui traînent dans les rayons à cette heure tardive, elle imagine qu'elle travaille dans une boutique et que personne ne l'attend chez elle. Mais Madame Ma ne travaille pas, enfin plus, enfin disons qu'elle n'est pas rémunérée, et il y a une famille qui attend qu'elle revienne la ravitailler. Mais elle n'expliquera, trop compliqué, quoique pas tant que ça, mais elle voudrait vite rejoindre son mari, préparer les sacs pour le jour suivant, mettre à jour sa liste de tâches, et retrouver le calme des débuts de nuit.