La vie en rosé
Céleste a dormi une nuit complète. Madame Ma lui avait donné quelques granules homéopathiques sur lesquelles sa belle famille émet de grands doutes, mais qu'à cela ne tienne, la jeune enfant a dormi et ce sera la seule chose qui compte. Alors, dès le réveil, elle entrevoit une journée comme elle les aime. Et ses yeux pourtant bien ouverts ce matin, ne faisaient pas grand cas de la pluie qui prend ses quartiers. L'humeur est joyeuse, ils ont ri dès le petit déjeûner sans doute aussi parce qu'ils savaient qu'au dîner de ce soir, ils seraient 6. Madame Ma débarasse la table avant que les enfants ne partent pour l' école, elle range les bricoles qui traînent déjà, alors qu'une demi-heure plus tôt, la maison semblait en ordre. Et elle glisse dans la matinée, sa tête avec lui, et ses mains ici. Coup de téléphone, il a réussi à prendre un vol juste après sa dernière réunion à Osaka, il est en France, il sera là dans une trentaine de minutes ! Ni l'un ni l'autre ne se vanteront de cette avance sur le programme, il ne repartira pas illico presto au boulot, ils iront près du port, manger une blanquette à l'ancienne dehors au soleil, devant les bateaux et s'offriront même un p'tit rosé ! Cette idée que le matin donne le ton pour le reste de la journée, elle l'a toujours eue. C' était un matin autrement... Pour une fois, il était là à l'heure des devoirs et des bains, des conduites de guitare, des dîners à preparer. Mais avant, il a déballé sa valise. Les filles ont plié des origamis jusqu' à l'heure du repas et même après. Jules ne quittait plus ses écouteurs "trop bien". Quant à elle, elle se fait violence, pour se contenter de feuilleter ses splendides livres de couture japonais. Zen et kitsh à souhait, elle retrouve l' Asie et sa machine à coudre lui crie de la rejoindre.
Pauvre Monsieur Ma les heures de la soirée font sentir leur décalage...il rejoindra son lit, bien avant les enfants et son billet doux sera posté plus tard.